Le chevalier double
Lecture analytique : Séquence I
I-
Situation du
passage
Ce passage correspond à l’incipit de l’œuvre, même s’il ne respecte pas
certaines procédés d’écriture ; au lieu de débuter par un état d’équilibre
qui caractérise la situation initiale d’un récit, elle commence par une
séquence qui appartient à la troisième étape du schéma narratif
(Péripéties) : Edwige, le personnage protagoniste, est en pleure.
a- Un monde réel
Par
la présentation de personnages réels, d'un espace et d'un temps aussi bien
réels, le lecteur ne peut douter de la vraisemblance d’un tel monde.Edwige est un personnage en chair et en os (blonde, triste, morne, enceinte, versant des larmes, pâlissant, rougissant..).
L'étranger, par sa physionomie, ne semble appartenir qu'à ces êtres séduisants et inéluctablement séducteurs (beauté, langueur, grâce, charme, fascination).
L'espace, n'est autre que ce lieu topos, symbole de puissance, de grandeur et de pérennité (château). Quant au temps, par sa linéarité (il y a quelques mois) et son aspect hivernal (il faisait un terrible temps…), il ne semble pas déroger aux lois de la nature.
Cependant, ce monde qui semble réel, est en filigrane un monde transgressé d'illusion et de surnaturel.
b- Un monde irréel
Imperceptiblement,
l'identité des personnages n'est plus assurée : Edwige, statue animée, est également, par sa physionomie, un être mythique (Elfes, Willis), et par son portrait moral, une créature comme habitée par le diable (languissante, demi-morte, enivrée).
L'étranger, par son pouvoir énergique surnaturel, est tantôt un Satan sous une forme humaine (ange tombé), tantôt un être androgyne qui tient de l'humain et de l'animal (tigre, serpent), tantôt le diable venu du monde souterrain pour semer la malédiction et la tentation (terreur, effroi , charmait à la façon du serpent qui fascine l'oiseau , chantait d'étranges poésies qui troublaient le cœur, depuis ce jour Edwige ne fait que pleurer).
Le temps, donne plutôt une impression d'apocalypse quand tous les êtres inanimés deviennent des créatures animées (les tours tremblaient, le feu rampait, le vent frappait).
Au milieu de cette atmosphère fabuleuse, l'espace, symbole de puissance et de pérennité, n'est plus qu'un roseau (le château s'agitait…comme si la rafale eût voulu le déraciner).
a-Un schéma narratif transgressé
« L'état initial » de cette œuvre est rejeté au troisième plan. Et grâce à une ellipse le narrateur nous évoque l’élément perturbateur (l’intrusion d’un étranger dans le château) qui correspond à la deuxième étape du schéma narratif.
Donc, pour créer un état de suspense, l'ordre chronologique du schéma narratif se trouve violé.
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