mercredi 12 juin 2013

Examen régional: Souss-Massa / Rattrapage 2012


TEXTE DE BASE :
Ces charrettes étaient découvertes. Chaque cordon en occupait une. Les forçats étaient assis de côté sur chacun des bords, adossés les uns aux autres, séparés par la chaîne commune, qui se développait dans la longueur du chariot, et sur l’extrémité de laquelle un argousin debout, fusil chargé, tenait le pied. On entendait bruire leurs fers, et, à chaque secousse de la voiture, on voyait sauter leurs têtes et ballotter leurs jambes pendantes.
Une pluie fine et pénétrante glaçait l’air, et collait sur leurs genoux leurs pantalons de toile, de gris devenus noirs. Leurs longues barbes, leurs cheveux courts ruisselaient ; leurs visages étaient violets ; on les voyait grelotter, et leurs dents grinçaient de rage et de froid. Du reste, pas de mouvements possibles. Une fois rivé à cette chaîne, on n’est plus qu’une fraction de ce tout hideux qu’on appelle le cordon, et qui se meut comme un seul homme. L’intelligence doit abdiquer, le carcan du bagne la condamne à mort ; et quant à l’animal lui-même, il ne doit plus avoir de besoins et d’appétits qu’à heures fixes. Ainsi, immobiles, la plupart demi-nus, têtes découvertes et pieds pendants, ils commençaient leur voyage de vingt-cinq jours, chargés sur les mêmes charrettes, vêtus des mêmes vêtements pour le soleil à plomb de juillet et pour les froides pluies de novembre. On dirait que les hommes veulent mettre le ciel de moitié dans leur office de bourreaux.
Il s’était établi entre la foule et les charrettes je ne sais quel horrible dialogue ; injures d’un côté, bravades de l’autre, imprécations des deux parts ; mais, à un signe du capitaine, je vis les coups de bâton pleuvoir au hasard dans les charrettes, sur les épaules ou sur les têtes, et tout rentra dans cette espèce de calme extérieur qu’on appelle l’ordre. Mais les yeux étaient pleins de vengeance, et les poings des misérables se crispaient sur leurs genoux.
Les cinq charrettes, escortées de gendarmes à cheval et d’argousins à pied, disparurent successivement sous la haute porte cintrée de Bicêtre ; une sixième les suivit, dans laquelle ballottaient pêle-mêle les chaudières, les gamelles de cuivre et les chaînes de rechange. Quelques gardes-chiourme qui s’étaient attardés à la cantine sortirent en courant pour rejoindre leur escouade. La foule s’écoula. Tout ce spectacle s’évanouit comme une fantasmagorie. On entendit s’affaiblir par degrés dans l’air le bruit lourd des roues et des pieds des chevaux sur la route pavée de Fontainebleau, le claquement des fouets, le cliquetis des chaînes, et les hurlements du peuple qui souhaitait malheur au voyage des galériens.
Et c’est là pour eux le commencement !
Que me disait-il donc, l’avocat ? Les galères ! Ah ! oui, plutôt mille fois la mort ! plutôt l’échafaud que le bagne, plutôt le néant que l’enfer ; plutôt livrer mon cou au couteau de Guillotin qu’au carcan de la chiourme ! Les galères, juste ciel !
        I.            COMPRÉHENSION : (10 points)
1.      Recopiez et complétez le tableau suivant :
Titre
Auteur
Date de publication
Genre littéraire
Le dernier jour d’un condamné
Victor Hugo
1829
Roman à thèse
2.      a)- Qui parle dans ce texte ? 1/2pt – Le narrateur : un condamné à mort.
b)- Où se trouve-t-il ? 1/2pt – Il se trouve dans la prison de Bicêtre.
3.      Le narrateur accepte-t-il la proposition de son avocat ? Justifiez. 1pt
- Non, il n’accepte pas la proposition de son avocat. « Les galères ! Ah ! oui, plutôt mille fois la mort ! »
4.      Ce passage est-il essentiellement : narratif ? descriptif ? argumentatif ? 1pt – Ce passage est plutôt descriptif.
Justifiez votre réponse. – Description détaillée des forçats et emploi de l’imparfait.
5.      Dans cet extrait le lexique utilisé est : a- neutre b- valorisant c- dévalorisant. Recopiez la bonne réponse. Justifiez-la. 1pt. – c-dévalorisant : « leurs visages étaient violets » « une fraction de ce tout hideux » « l’animal »
6.      Répondez par Vrai ou Faux. Justifiez vos réponses. 1pt
a)- Les forçats ont des vêtements pour l’hiver et d’autres pour l’été. – Faux : «  … vêtus des mêmes vêtements pour le soleil à plomb de juillet et pour les froides pluies de novembre. »
b)- La foule a pitié des forçats. – Faux : «  … les hurlements du peuple qui souhaitait malheur au voyage des galériens. »
7.      « Je vis les coups de bâton pleuvoir au hasard. » 1pt
a)- Quelle figure de style reconnaissez-vous dans cette phrase ? – Une métaphore.
b)- Quel effet l’auteur cherche-t-il à produire ? Les coups de bâtons qui tombent sur les corps à une cadence accélérée comme celle de la pluie pour montrer la violence extrême subie par les forçats.
8.      Le ton général de ce texte est-il : comique ? pathétique ? ironique ? 1pt – Un ton pathétique.
9.      Quel(s) sentiment(s) a suscité en vous la lecture de ce texte ? 1pt. Un sentiment de pitié et de compassion.
10.  D’après vous, doit-on abolir la peine capitale ? Donnez deux arguments. 1pt
- Exemple : Je pense qu’on doit abolir la peine de mort car, d’une part, le droit de vie et de mort n’appartient pas à l’homme, mais à Dieu. D’autre part, on peut punir sévèrement et avec justice sans tuer.

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