Lecture méthodique
Scène Antigone /Ismène
I – Situation
A son retour
des champs, à quatre heure du matin, Antigone est surprise par sa nourrice qui
ne cessa de la questionner pour savoir d’où elle venait et les raisons de sa
sortie, croyant même qu’elle avait un rendez-vous amoureux indigne de son rang royal.
Rêveuse et évasive, elle ne répond pas aux questions de sa nourrice, et Ismène
surgit interrompant la discussion des deux personnages.
II – Analyse :
1) Le
rapport entre les deux sœurs :
Cette scène montre que les deux sœurs sont complices et leur
relation est solide malgré la différence de leur caractère. Ismène, l’aînée,
essaye de protéger sa sœur, en s’appuyant sur sa maturité et son raisonnement :
« Je réfléchis plus que toi, je suis plus pondérée. Je réfléchis ».
Antigone aussi aime sa sœur et s’inquiète pour elle : « va
dormir… Tu serais moins belle demain » ; mais elle refuse de l’écouter et de
faiblir comme elle : « ne me caresse pas, ne nous mettons pas à pleurnicher
ensemble ». Ce qui montre le caractère fort d’Antigone et ses qualités morales
: elle est déterminée, et ne recule devant aucun obstacle : « Tes sourcils
joints, ton regard droit devant toi et te voilà lancée sans écouter personne ».
Antigone est une rebelle qui refuse de se soumettre aux lois
injustes et aux règles sociales : « je ne veux pas comprendre » ; elle agit
selon sa guise et ne suit que son instinct et ce que lui dicte son cœur : « Je
ne suis pas le roi, il ne faut pas que je donne l’exemple ».
Malgré son grand attachement à la vie, elle est prête à se
sacrifier pour une cause noble, tout à fait consciente du sort qui l’attend et
qu’elle accepte avec courage. Elle est
aussi réaliste parce qu’elle sait qu’elle est jeune, qu’elle n’est pas belle et
qu’elle a l’amour d’Hémon. Et face à tout cela Ismène apparaît comme une fille
lâche et égoïste qui ne pense qu’à son bien être même si
l’envie de vivre est quelque chose de très légitime.
2) La
confrontation des deux sœurs :
Le matin, les deux sœurs devraient parler de leurs décisions
; mais Antigone semble connaitre à l’avance celle de sa sœur car elle a déjà
essayé de couvrir le cadavre de son frère Polynice. Dès le début nous savons
que les positions des deux sœurs s’opposent. Ismène manifeste sa faiblesse, sa
crainte et son incapacité : « Nous ne pouvons pas ». Puis essaye par la suite
de dissuader sa sœur en évoquant sa
capacité de réfléchir, la force illimitée de Créon : « Il nous ferait mourir,
il est plus fort que nous », son devoir de roi : « Il faut qu’il donne
l’exemple », son attachement à la vie et sa crainte de la souffrance et de la
mort : « Je ne veux pas mourir, je ne veux pas souffrir », et enfin elle
parvient à l’avenir d’Antigone pleine de promesses d’amour et de bonheur : «
Ton bonheur est là devant toi … Tu es
fiancée, tu es jeune, tu es belle… ».
Tous ces arguments n’ont aucun poids pour Antigone :
Sers-toi de ces prétextes, lui dit-elle en essayant de lui rappeler qu’elle ne
cherche qu’à fuir son devoir et son ironie est claire : « Comme tu as bien tout pensé ! »
III – Conclusion :
Malgré le triomphe d’Ismène sur le plan physique, le lecteur
ne peut que s’identifier au personnage d’Antigone car c’est elle qui l’emporte
sur sa sœur avec ses qualités morales ; son dévouement, son courage et sa
lucidité.
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