Examen régional 2 : Académie
de Meknès-Tafilalt (session de rattrapage 2011)
Texte :
Je compris
tout à coup clairement ce que je n'avais fait qu'entrevoir confusément
jusqu'alors, que le moment décisif était venu, et que j'étais là pour entendre
ma sentence.
L'explique
qui pourra, de la manière dont cette idée me vint elle ne me causa pas de
terreur. Les fenêtres étaient ouvertes ; l'air et le bruit de la ville
arrivaient librement du dehors ; la salle était claire comme pour une noce ;
les gais rayons du soleil traçaient ça et là la figure lumineuse des croisées
tantôt allongée sur le plancher, tantôt développée sur les tables, tantôt
brisée à l'angle des murs, et de ces losanges éclatants aux fenêtres chaque
rayon découpait dans l'air un grand prisme de poussière d'or.
Les juges,
au fond de la salle, avaient l'air satisfait, probablement de la joie d'avoir
bientôt fini. Le visage du président, doucement éclairé par le reflet d'une
vitre, avait quelque chose de calme et de bon, et un jeune assesseur causait
presque gaiement en chiffonnant son rabat avec une jolie dame en chapeau rose,
placée par faveur derrière lui.
Les jurés
seuls paraissaient blêmes et abattus, mais c'était apparemment de fatigue
d'avoir veillé toute la nuit. Quelques-uns bâillaient. Rien, dans leur
contenance, n'annonçait des hommes qui viennent de porter une sentence de mort,
et sur les figures de ces bons bourgeois je ne devinais qu'une grande envie de
dormir. (…)
Cependant
mon avocat arriva. On l'attendait. Il venait de déjeuner copieusement et de bon
appétit. Parvenu à sa place, il se pencha vers moi avec un sourire.
- J'espère, me dit-il.
- N'est-ce pas ?
répondis-je, léger et souriant aussi.
-Oui, reprit-il ; je ne
sais rien encore de leur déclaration, mais ils auront sans doute écarté la
préméditation, et alors ce ne sera que les travaux forcés à perpétuité.
- Que dites-vous là,
monsieur ? répliquai-je, indigné ; plutôt cent fois la mort !
Oui, la
mort ! - Et d'ailleurs, me répétait je ne sais quelle voix intérieure,
qu'est-ce que je risque à dire cela ? A-t-on jamais prononcé sentence de mort
autrement qu'à minuit, aux flambeaux, dans une salle sombre et noire, et par
une froide nuit de pluie et d'hiver ? Mais au mois d'août, à huit heures du
matin, un si beau jour, ces bons jurés, c'est impossible ! Et mes yeux
revenaient se fixer sur la jolie fleur jaune au soleil.
Tout à coup
le président, qui n'attendait que l'avocat, m'invita à me lever. La troupe
porta les armes ; comme par un mouvement électrique, toute l'assemblée fut
debout au même instant. Une figure insignifiante et nulle, placée à une table
au-dessous du tribunal, c'était, je pense, le greffier prit la parole, et lut
le verdict que les jurés avaient prononcé en mon absence. Une sueur froide
sortit de tous mes membres ; je m'appuyai au mur pour ne pas tomber.
- Avocat,
avez-vous quelque chose à dire sur l'application de la peine ? demanda le
président.
J'aurais
eu, moi, tout à dire, mais rien ne me vint.
Ma langue resta collée à
mon palais.
Le
défenseur se leva.
Je compris
qu'il cherchait à atténuer la déclaration du jury, et à mettre dessous, au lieu
de la peine qu'elle provoquait, l'autre peine, celle que j'avais été si blessé
de lui voir espérer.
QUESTIONS
I. ETUDE DE TEXTE (10 pts)
Relisez le texte et répondez
aux questions suivantes :
1) Victor HUGO est un grand écrivain français. Quand et où est-il
né ? (0,25 pt x 2)
- Citez une de
ses œuvres autre que « Le Dernier Jour d'un Condamné ». (0,5 pt).
- Quand et où
est-il mort ? (0,25 pt x 2)
Pour répondre,
vous pouvez choisir parmi les informations suivantes : 1750, 1802, 1860, 1885,
à Paris, à Bordeaux, à Besançon, « Notre-Dame de Paris », « Le
Cid »
2) Au début du texte,
a) Le narrateur avait-il peur d’entendre
sa sentence ?
b) Justifiez votre réponse.
3) D'après votre lecture de l'œuvre, quel crime le narrateur
a-t-il commis ?
4) Quand se passent les événements du texte ?
5) a) Relevez quatre termes appartenant au champ lexical de la nature dans le passage
allant du début du texte jusqu'à « … une grande envie de dormir. »
b) À quel
thème ce champ lexical peut-il alors être associé ?
6) a) Relevez une comparaison employée dans
le passage allant du début du texte jusqu'à « ... cependant monavocat arriva. »
b) Quelle idée cette comparaison met-elle
en valeur ?
7) D'après votre lecture de l'œuvre, quelle sentence est
prononcée ?
8) a) Donnez
deux sentiments éprouvés par le narrateur dans le texte.
b) Qu'est-ce qui est à l'origine de chacun
d'eux ?
9) a) Complétez
le tableau suivant après l'avoir recopié :
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Les personnages
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Ce qui les
caractérise
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Les juges
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Le président
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Les jurés
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b) Pourquoi le narrateur les décrit-il
ainsi ?
10) Que pensez-vous de l’attitude de l'avocat dans le
texte ?
II. PRODUCTION ECRITE (10 pts).
« Inondé d'air et de
soleil, il me fut impossible de penser à autre chose qu'à la liberté. »
Cette idée du
prisonnier vous semble-t-elle acceptable, réalisable ?
Rédigez un
texte dans lequel vous exprimerez votre opinion sur la possibilité de faire
bénéficier un criminel de liberté.
NB : Lors de la
correction de la production écrite, il sera tenu compte des éléments
suivants :
Présentation de
la copie : 2 pts
Respect de la
consigne : 3 pts
Cohérence
textuelle : 2 pts
Correction de
la langue : 3 pts
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