dimanche 5 mai 2013

Préparation à l'examen régional



Les registres littéraires (tonalités) :

1/ Je viens de faire mon testament. A quoi bon ? Je suis condamné aux frais et tout ce que j’ai y suffira à peine. La guillotine, c’est trop cher.



2/ Les hommes, je me rappelle l’avoir lu dans je ne sais quel livre où il n’y avait que cela de bon les hommes sont tous condamnés à mort avec des sursis indéfinis. Qu’y a-t-il donc de changé à ma situation ?



3/ Je voulus répéter à haute voix ce que je lui avais dit ; plutôt cent fois la mort ! Mais l’haleine me manqua, et je ne pus que l’arrêter rudement par le bras, en criant avec une force convulsive : Non !



4/ Un condamné à mort ! Voilà cinq semaines que j’habite avec cette pensée, toujours seul avec elle, toujours glacé de sa présence, toujours courbé sous son poids.



5/ Je me levai, mes dents claquaient, mes mains tremblaient et ne savaient où trouver mes vêtements mes jambes étaient faibles. Au premier pas que je fis, je trébuchais comme un portefaix trop chargé.



6/ Il m’a semblé tout à coup que ces noms fatals étaient écrits avec du feu sur le mur noir … et puis il m’a paru que le cachot était plein d’hommes, d’hommes étranges qui portaient leur tête dans leur main gauche, et la portaient par la bouche, parce qu’il n’y avait pas de chevelure.



7/ C’était en effet, pour un reclus solitaire, une bonne fortune qu’un spectacle, si odieux qu’il fût. J’acceptai l’amusement.



8/ Ah qu’une prison est quelque chose d’infâme ! Il y a un venin qui salit tout. Tout s’y flétrit, même la chanson d’une petite fille de quinze ans ! Vous y trouvez un oiseau, il a de la boue sur l’aile ; vous la respirez, elle pue.



9/ C’est monsieur le procureur général, je lui ai-je répondu, qui a demandé si instamment ma tête ? Bien de l’honneur pour moi qu’il m’écrive. J’espère que ma mort lui va faire grand plaisir ; car il me serait dur de penser qu’il l’a sollicitée avec tant d’ardeur et qu’elle lui était indifférente.



10/ Ah ma pauvre petite fille ! Encore six heures et je serai mort ! Je serai quelque chose d’immonde qui traînera sur la table froide des amphithéâtres ; une tête qu’on moulera d’un côté, un tronc qu’on disséquera de l’autre, puis de ce qui restera, on en mettra plein une bière, et le tout ira à Clamart.



11/ Ô ma grâce ! Ma grâce : On me fera peut-être une grâce. Le roi ne m’en veut pas. Qu’on aille chercher mon avocat ! Vite l’avocat ! Je veux bien des galères. Cinq ans de galères, et que tout soit dit – ou vingt ans – ou à perpétuité avec le fer rouge. Mais grâce de la vie !



12/ Je me vois enfant, écolier rieur et frais, jouant, courant, criant avec mes frères dans la grande allée verte de ce jardin sauvage où ont coulées les premières années.



13/ Seul à seul avec une idée de crime et de châtiment, une idée de meurtre et de mort ! Est-ce que je puis avoir quelque chose à dire, moi qui n’ai plus rien à faire faire dans ce monde ?



14/ … Et nous découvrîmes une petite vieille, les mains pendantes, les yeux fermés, immobile, debout, comme collée au mur… elle demeurée sans voix, sans mouvement, sans regard.



15/ Elle est fraîche, elle est rose, elle a de grands yeux, elle est belle. On lui dis lui a mis une petite robe qui lui va bien.



16/ Ma grâce ! Ma grâce ! Qui sait ! Elle viendra peut-être ! Cela est si horrible, à mon âge de mourir ainsi ! Des grâces qui arrivent qui dernier moment on l’a vu souvent. Et à qui fera-t-on grâce, monsieur, si ce n’est à moi ?

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